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Novae - Une fin des temps: Le grand incendie Public
Nouvelle

Comme tous les soirs, Charlotte s'assit sur le bord du lit de sa fille de six ans.

- Tu me racontes une histoire? demanda la petite.

- Je veux bien, mais une seule alors. Il est déjà tard! Quelle histoire veux-tu entendre?

- Comme hier soir, celle qui se passe au Pôle Nord, avec la petite fille!

- Tu veux dire, en Finlande. Ce n'est pas le Pôle Nord, mais il y fait très froid aussi.

Elle remonta la couverture sur sa fille qui serrait ses paupières pour mieux imaginer l'histoire, et commença le récit.

- Il était une fois une petite fille qui vivait dans un petit village au nord de la Finlande. Ses parents étaient un pauvre bucheron et son épouse qui vivaient du bois coupé par le mari, et de quelques légumes vendus par sa femme au chef lieu. Chaque jour, quand le soleil se couchait, ils répétaient à leur fille de ne jamais se rendre seule, sans un adulte dans la forêt, car elle se perdrait et se ferait dévorer par des créatures inimaginables.

- C'est quoi inimaginable? Demanda la petite.

- Ce sont des créatures qui sont tellement effrayantes qu'on est incapables d'imaginer à quoi elles ressemblent vraiment.

- Mais on a qu'à faire une photo?

- C'est une légende ma chérie, ces créatures n'existent que dans les légendes et nous ne les verrons jamais. Je reprend mon histoire?

- Oui... C'est quoi créature?

- C'est un animal, ou quelque chose de vivant. Je continue?

- Oui... Alors elles existent vraiment?

- Non, on les appelle 'créatures' dans les histoires pour faire peur aux enfants, pour qu'ils se serrent contre nous.

- Comme ça? Dit la petite fille en se blotissant contre sa mère.

- Oui. Je continue l'histoire. La petite fille était très sauvage, et ne se laissait pas impressionner par les avertissements de ses parents. Elle savait très bien que la nuit tombée, il leur arrivait de sortir et de traverser la forêt tandis que sa grand mère la gardait. Souvent, alors que tout le monde la croyait endormie, le nez collé à sa fenêtre, elle regardait longtemps la forêt et voyait de petites lumières y aller et venir. Certainement les chasseurs qui, selon ce que racontait Olaf, son copain de Kindergarten, chassaient le renard blanc pendant la nuit, car sa fourrure se vend très cher.

- C'est pas gentil...

- La vie n'est pas gentille ma fille. Laisse moi continuer l'histoire. Un soir, alors que ses parents étaient sortis et que sa grand mère s'était endormie sur le sofa, elle ouvrit discrètement sa fenêtre et sortit, habillées de ses vêtements les plus chauds. Elle se dirigea directement vers la forêt et prit soin de passer par des endroits où la neige avait gelé afin de ne pas s'enfoncer trop dans la neige. Sa petite torche électrique n'éclairait qu'à quelques mètres, mais elle reconnaissait bien les endroits où elle jouait dans la journée. Et comme c'était une petite fille très courageuse, il n'était pas question qu'elle fasse demi tour, même si son ventre lui faisait un peu mal. Ca ne t'arrive pas aussi à toi, parfois, d'avoir un peu mal au ventre quand tu as peur du noir ou de te faire gronder?

- Non, moi j'ai jamais peur! Et je ne fais pas de bêtises!

- La petite fille avait très peur, mais elle avança quand même jusqu'à la limite des bois qu'elle connaissait. Plus loin, la forêt remontait en pente légère, et les enfants n'avaient pas le droit d'y aller. Les parents disaient que c'était dangereux. Rassurée de n'avoir croisé aucun monstre, elle fit demi-tour pour rentrer à la maison lorsqu'elle vit apparaître une petite lueur du coin de l'oeil. Elle tourna la tête. Rien. La lumière avait disparu. Elle fit quelques pas pour mieux voir. Et un peu plus loin, toujours du coin de l'oeil, elle crut voir une autre lumière. Cela se reproduit une dizaine de fois sans qu'elle ne put trouver l'origine de cette lumière, ni la voir vraiment de face. Elle finit par abandonner et décida de rentrer chez elle. Mais comment? Sa course zigzaguant après la lueur lui avait fait perdre son chemin. Elle n'avait aucune idée de la direction à emprunter pour rentrer chez elle. Elle marcha tout droit devant elle, dans le froid et la neige sans trouver de chemin. Au bout d'une éternité, sa lampe s'éteignit. Elle frotta les piles dans ses mains pour la faire refonctionner, mais rien n'y fit. Elle continua à l'aveuglette se griffant aux branches et trébuchant dans les racines jusqu'à ce qu'elle tombe d'épuisement et s'allonge sur un tapis de lichen sous un grand arbre.

- La pauvre... dit la petite en s'endormant.

Mais sa mère continua quand même le récit:

- Elle s'endormit doucement, sentant son manteau se resserer contre elle, comme pour lui tenir chaud. Le lendemain matin, ses parents découvrirent sa disparition. Tout le village partit à sa recherche. Après plusieurs jours de recherche, à plusieurs heures de marche du village, ils découvrirent un arbre, immense, dont le tronc devait faire deux mètres d'envergure. A la base de ce tronc dépassait le visage d'une petite fille, ses deux mains pendant de part et d'autre du visage. Sorcellerie ! Crièrent les paysans! Terrifiés, ils mirent le feu à l'arbre qui s'enflama instantanément. Quand les parents de la petite fille arrivèrent, il était déjà trop tard. Le brasier s'étendait déjà aux arbres avoisinnants. Soudain, par dessus les crépitements du bois, ils reconnurent clairement la voix de leur fille crier 'Maman, papa!'. Ce fut le plus grand incendie que connut le pays depuis des décénies. Il fit de nombreuses victimes et détruisit le village. Mais encore longtemps plus tard, on racontait cette histoire qui était vraie, au moins en partie.

Elle sortit de la chambre en fermant doucement la porte, se demandant pourquoi les histoires et comptines pour enfants sont toujours aussi horribles...

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